|
International
Research Treaty on Pure and Applied Psychoanalysis
Entre:
-
Troisième
Cycle en Théorie Psychanalytique de l’Université Fédérale
du Rio de Janeiro. Sephora
- Noyau de recherche sur le moderne et le contemporain
-
Troisième
Cycle en Psychologia de l’Université Fédérerale de Minas
Gerais
-
Troisième
Cycle en Éducation de l’ Université Fedérale de Minas
Gerais
-
Troisième
Cycle en Psychologie Clinique Pontifical Université
Catholique
Et le:
Projet
de Recherche: Le
statut du sujet et de l’Autre dans les symptômes contemporains
Coordination
-
Serge
Maurice Cottet – Directeur de recherche dans le cadre du
Troisième Cycle du Département de Psychanalyse de Paris
VIII.
-
Tania Coelho dos Santos -
Directrice de recherche dans le cadre du Troisième cycle en
Théorie Psychanalytique/UFRJ.
-
Ana
Lydia Bezerra Santiago – Directrice de recherche dans le
cadre du Troisième cycle en Éducation/UFMG.
Participants
Étudiants
niveau Doctorat
-
Maria
José Gontijo Salum (membre adhérent de l’EBP/MG)
-
Ana
Paula Sartori (correspondent á l’EBP/RJ)
-
Analícea
Calmon dos Santos (membre de l’EBP/AMP)
Étudiants
de niveau DEA
Professeurs-Docteurs/Collaborateurs
-
Serge
Maurice Cottet – Directeur de recherche / Paris VIII.
-
Pierre
Gilles Guéguen – Maître de conférences/Paris VIII.
-
Marie
Hélène Brousse – Maître de conférences/Paris VIII.
-
Tania
Coelho dos Santos - Directrice de recherche/UFRJ.
-
Ana
Lydia Bezerra Santiago – Directrice de recherce/UFRJ.
-
Jésus
Santiago - Directeur
de recherche/UFMG.
-
Ana
Beatriz Freire - Directrice de recherche/UFRJ.
-
Angélica Bastos Grinberg - Directrice de
recherche/UFRJ.
-
Ana Lydia Santiago – Diretrice de
recherche/UFMG.
-
Oswaldo França Neto – Directeur de
recherche/UFMG.
-
Antônio
Márcio Teixeira – Directeur de recherche/UFMG.
-
Marcus André Vieira – Directeur de recherche
PUC/RJ.
-
José
Luis Gaglianone - Docteur par le Département de Psychanalyse.
-
Hebe
Tízio – Directrice de recherches à Ll’Université de
Barcelona.
I
– Présentation générale du probléme
Notre
recherche prend pour point de départ l’interrogation suivante:
comment traiter psychanalytiquement les symptômes, quand
l’approche structuraliste de l’expérience clinique ne suffit
pas pour décider s’ il s’agit d’un nevrosé ou d’un
psychotique. Pour la pratique de l’IPA, comme nous le
savons bien, cela ne pose aucun problème, puisque la doctrine
admet qu’il y ait des individus borderlines. L’approche psychogénétique et chronologique de la
constitution du sujet, aussi bien que la réduction de l’Autre
à l’entourage familial et social, lui permet de croire que la
psychose est un stade auto-érotique ou narcissique, et qu’il précède
la position névrotique oedipienne normale. D’après cette
orientation, on peut conclure, sans souci, que quelques sujets ne
sont ni névrosés ni psychotiques, puisqu’ils sont pris dans la
traversée d’un stade à l´autre. Depuis Lacan, nous ne
sommes pas satisfaits
soit de l’exigence de décider entre névrose ou psychose, soit
de l’abordage de ces cas par la voie de la psychogénèse qui
aboutit à leur classification comme borderline.
Après
les rencontres du Champ Freudien sur la psychose: le Conciliabule
d’Angers, la Conversation d’Arcachon
et la Convention d’Antibes,
nous avons repris les concepts d’une façon renouvelée, ce qui
nous permet maintenant de reprendre la polémique sur les cas borderline.
Cette sérieuse discussion des cas inclassables de la clinique
psychanalytique semble reconnaître que les réponses qu'on avait
trouvées jusqu’ici ne sont parfois pas suffisantes. Il faut
aller au-delà du choix entre continuité et discontinuité, au
delà de l’ opposition psychogenèse x structure et essayer de
repenser nos paradigmes par rapport
au sujet du signifiant et de la jouissance, pour oser mieux
circonscrire ce qui a rapport à l’Oedipe dans la constitution
subjective et ce qu’on doit placer au delà.
À
mon avis, c’est justement bien cela qu’ont
essayé de faire les psychanalystes de l’Institut du
Champ Freudien à propos des effets de surprise dans la psychose,
et qu’ ensuite ils ont repris à propos des cas rares à
Arcachon, ainsi qu’au sujet des néo-psychoses à Antibes. On
s’aperçoit, après la rencontre à Paris autour de La stylistique des psychoses, qu’ils ont interrogé l’axe
fondamental de l’opposition névrose-pychose dans la clinique
structuraliste de Lacan: la Bejahung
du Nom du père et, par conséquent ,un choix névrotique devant
le désir et la jouissance, ou Forclusion du Nom du père et, du même
coup, un choix psychotique. La thèse de la forclusion du Nom-du-père,
comme mécanisme spécifique de la psychose, s’ouvre sur une
nouvelle l’hypothèse, peut être complémentaire, celle d’une
forclusion généralisée de celui-là. Cette reprise est d’autant
plus importante dans la mesure où la clinique doit prendre en
compte la culture contemporaine où la fonction paternelle, le
symbolique, la science, ne sont plus nécessairement ceux qui
agencent le symptôme collectif. Quand le déclin du Nom-du-père
annonce la fin de la croyance universelle dans le père comme
symptôme social, nous ne pouvons plus faire confiance aux
diagnostics basés sur la primauté de la métaphore
paternelle. La clinique psychanalytique doit s’adapter à
un temps où l’Autre n’existe pas, un temps où nous ne sommes
plus certains de ce sur quoi se basent les croyances et les réalités
psychiques.
Pendant
mon séjour d’études post-doctorales à Paris (2001/2004),
aussi bien qu’après le Cours sur La psychanalyse pure et
appliquée où SERGE COTTET nous a présenté une lecture renouvelée
et très actualisée du texte sur la direction de la cure, j’ai
pu, finalement, reformuler mes problèmes-questions de la façon
suivante:
L’hypothèse
d’une pluralisation des Noms-du-père, vient-elle substituer le
partage rigide névrose-psychose par une évaluation clinique plus
souple qui indique une possible continuité et, en même temps,
une certaine discontinuité entre les états ou les structures névrotiques
et psychotiques?
Est-ce
qu’il s’agit d’une clinique qui ne suppose plus, nécessairement,
l’universalité de la métaphore paternelle comme mécanisme de
la constitution subjective? Peut-elle y avoir lieu ou pas?
Sa présence ou son absence ne sont-elles plus essentielles
au diagnostic différentiel?
De
toute façon, du point de vue de la primauté de L’Autre du
signifiant, du symbolique, on arrive à l’Oedipe dans la
constitution subjective, et on aura le choix entre la forclusion
du Nom-du-père et la mortification de la jouissance par
l’assomption du signifiant. Nous sommes là sur l’hypothèse
de la discontinuité: présence-absence du Nom-du-père.
Si
l’on inverse le paradigme, si nous partons de l’Autre qui
n’existe pas, si nous prenons notre point de départ sur la
jouissance, la forclusion devient généralisée. Qu’est-ce que
ça veut dire, exactement? Qu’on ne doit plus croire que
l’Autre du signifiant soit préalable à la jouissance? Le
langage, la tradition, le Nom-du-père deviennent plutôt des
formes de routine que des structures nécessaires? Comment
pratiquer la psychanalyse sans supposer que l’Autre, le
signifiant oraculaire, infondé
et asymétrique est préalable au sujet?
Les
symptômes en tant que tels ne se réduisent pas à la chaîne
signifiante et sont aussi des formes de discours et de lien
social. Les inclassables de la clinique psychanalytique, comme
l’a proposé La Sagna à Arcachon, sont des individus qui
prennent comme partenaires l’abus, l’excès, le corps et non
pas la métaphore paternelle, le langage, le signifiant: “ce qui
représente le sujet par/pour un autre signifiant.” Ces cas ne
sont pas repérables à partir du débranchement de la chaîne
signifiante. Mais ils sont, quand même, des gens qui se débranchent
et se rebranchent au lien social. Est-ce que le débranchement/rebranchement
peut donner lieu à un nouveau critère diagnostic de la psychose
hors de toute activicté délirante?
Penser
le lien social comme discours peut être aussi une façon de se
débarrasser un peu, au niveau de la pratique
psychanalytique, de l’association libre, et de l’interprétation,
et du Nom-du-père ? Est-ce qu’on doit plutôt penser à manier
l’investissement libidinal dans le transfert?
Pour
mieux comprendre ce point de vue, il faut comprendre ce qu’ est
la contemporanéité et le temps de l’Autre qui n’existe pas.
Comme Lacan l’a formulé dans son écrit “La science et la vérité”:
“le sujet sur lequel la psychanalyse opère c’est le sujet de
la science”. La psychanalyse est une pratique qui suppose cette
profonde modification du symbolique, l’avènement de la science,
pour retrouver l’attachement refoulé du sujet au père, la réalité
psychique oedipienne, le désir comme inconscient. La science
avance en divisant le sujet et en le vidant de tout attachement à
la tradition. Par contre, l’opération de la science devient,
elle-même, savoir. Ébranler par le savoir scientifique qui est
partout, le sujet contemporain croit à tout et, en même temps,
comme dit Miller: “il n’y a plus rien qui soit réel”.
La
diffusion de la psychanalyse introduit un nouveau gôut dans la
culture. La critique de toute hiérarchie, de toute autorité, la
féminisation du sujet. Celui-ci, aujourd’hui, est plutôt du côté
objet a/métonymie de la jouissance que du côté métaphore/identification.
La psychanalyse, malgré le fait que sa pratique ne se réduise
pas à celle de l’opération scientifique, a contribué à la
chute des idéaux, a révélé que le Nom-du-père n’est
qu’une forme traditionnelle et héritée, adéquate à la névrose.
Aujourd’hui,
on s’aperçoit souvent que les psychoses ne sont plus déclenchées
par la rencontre d’un père, comme les pychoses du type schrébérien.
Ce genre de psychose, auparavant typique, est devenu plutôt
extraordinaire. Les psychoses de nos jours, les psychoses
ordinaires, sont plutôt la conséquence d’un lâchage de
l’agrafe, un symptôme (dans le sens où discours veut dire un
lien social quelconque, singulier) qui, jusque là, faisait point
de capiton pour le sujet. Dans
ces cas concernés, il faut
privilégier le repérage clinique du rapport au réel et à la
jouissance, ainsi qu’étudier sans hiérarchisation la fonction
pour le sujet de chacun des trois registres R, S, I et la part
prise par chacun d’eux au nouage symptomatique (Antibes,page:43).
Dans
cette nouvelle clinique, dite borroméenne, la notion de noeud
contourne l’impossibilité de trancher sur l’absence du
Nom-du-père ou sur l’absence de la signification phallique, le
déclenchement de la chaîne signifiante.
Si on comprend les choses comme ça, quant à la pratique,
est-ce qu’il s’agit de penser plutôt à rebrancher le lien
social?
En
supposant que, dans la culture, l’Oedipe soit en déclin,
pourra-t-on repérer dans la clinique les psychoses ordinaires,
qui relèvent d’un critère diagnostic centré sur le
branchement–débranchement d’un Autre qui n’est plus coincé
comme métaphore paternelle, puisqu’il est déjà l’effet des
liens sociaux multiples, faibles, dont le fondement est du côté
pulsion et non du côté identification?
Dans
ce cadre, on ne distingue plus névrose-psychose à partir de ce
que la “Question préliminaire” établit comme principe:
l’inconscient est structuré comme un langage, puisqu’il est
aussi la mise au premier plan de la fonction du Nom-du-père.
Cette théorie a mis en avant la place centrale du père dans la
paranoïa, dont les aspects les plus essentiels sont le manque du
signifiant dans l’Autre (forclusion) et la reconstruction délirante
du monde. Quand le capitonnage du discours n’est pas assuré par
la signification phallique commune, le sujet y est suppléé par
une construction contraignante, radicalisant la consistance et
l’exigence de l’Autre, faisant valoir le versant réel du père,
plutôt que sa dimension de semblant, d’usage.
À
la lumière de cette pente – quant à la paranoïa – qui a
fait consister l’Autre et le père,
on peut donc se demander: est-ce que le changement du mode
de discours dominant, c’est-à- dire le passage du discours du
maître moderne au discours de la science contemporaine, ouvre aux
sujets psychotiques le champ à d’autres types de solution pour
suppléer à la forclusion? Et quant à la névrose? Hors de la
société organisée par la méthaphore paternelle, existe-t-il
encore, à proprement dit, des sujets névrosés? Est-ce qu’on
doit le penser dans le cadre d’une clinique universelle du délire?
Autrement dit: si le discours de la
science aujourd’hui approfondit l’inexistence de
l’Autre, s’il émiette l’Autre dans une multitude
d’insignes, est-ce que cela fait disparaître ou cela modifie
l’expression contemporaine du symptôme névrotique?
a)
Comment faire la différence entre les nouveaux
symptômes, dont la jouissance est traitée plutôt par la lettre,
et les symptômes classiques, où la jouissance est traitée par
le signifiant?
b)
Quand
la position du sujet devient plutôt une réponse du réel, un
choix de jouissance, est-ce que la relation à une signification délirante
ne se présente-t-elle jamais?
La
clinique devient la
promotion du rapport à lalangue, au signifiant non-sémantique et
non au préalable de l’articulation signifiante. Le délire de
substitution masque le sujet, par un principe réunifiant,
identifiant, et occulte la position éthique psychotique. La
clinique de lalangue ne privilégie-t-elle pas le délire, ou le délire
n’est plus l’expression, par excellence, de la psychose?
c)
Comment
l’analyste, dans la clinique, vise-t-il l’appareillage mixte
du réel par le symbolique?
Est-ce
qu’il s’agit là d’appareiller des phénomènes psychotiques
contemporains: parcellaires, pluralisés, essaimés, moins référés
à la figure unifiante du maître ?
En
particulier, ce qu’il nous intéresse de préciser c’est
l’opposition entre la clinique du phantasme et la clinique de
l’Un tout seul; les concepts de S1, nouage, symptôme
comme invention du sujet, inconscient noué comme discours x
inconscient structuré comme langage
Les
idées suivantes nous invitent à travailler la différence entre
les symptômes où l’inconscient est structuré comme langage et
les symptômes noués comme discours, en nous demandant s’il
s’agit d’une façon de redéfinir tout le champ de la névrose
et celui de la psychose:
a)
Passer
par l’Autre pour traiter la jouissance, c’est faire valoir le
phantasme (valeur de localisation, condensation, récupération,
mortification du sujet et de la jouissance par le signifiant, réduction
de l’objet au reste).
b)
Ne pas
passer par l’Autre, c’est faire valoir le statut du signifiant
tout seul (S1), le lien du symbolique au réel, non
plus comme une version du symptôme en tant que déficitaire par
rapport à une norme mâle, mais comme l’invention du sujet. C’est
une version du symptôme qui convient à l’Autre qui n’existe
pas.
c)
L’Autre
est substitué par le nouage d’une structure ternaire qui
s’oppose à l’idée d’un capitonnage binaire S1-S2.
Le néo-symptôme s’éclaire du noeud borroméen, de
l’Autre qui n’existe pas, du registre du signifiant tout seul.
|